Dites non. Cessez de croire que pour être aimé(e), il faut être gentil(le)

Donner sans compter. Trop bon, trop bête? Etre généreux, il n’y a pas vraiment de mal en soi. Etre présent pour répondre au besoin de l’autre, c’est bien. Mais donner trop, c’est être absent pour répondre à nos propres besoins. Finalement, nous nous sacrifions pour l’autre en compromettant notre bien-être personnel.

Nous sommes nombreux à aimer faire plaisir à notre partenaire amoureux. Nous faisons trop plaisir même. Nous faisons même passer les désirs et les besoins de notre conjoint(e) avant les nôtres. C’est vrai, à une demande qu’il ou elle nous fait, un non peu ne pas être super bien accueilli par notre partenaire amoureux. Mais, bonne nouvelle dire non , ça s’apprend !

Mais… d’où vient ce malaise? Pourquoi nous sentons-nous si coupable en refusant un service à notre partenaire? Pourquoi nous avons tant de mal à donner la priorité à nos besoins à nous, même une foi de temps en temps? La réponse à ces questions nous aide à laisser dernière nous cette fâcheuse habitude d’être toujours trop gentil(le). Parce qu’il est temps d’oser être soi dans la relation.

Pour être aimé(e), nous devons être gentil(le)

La violence que l’on se fait à être gentil(le) au quotidien

Certains d’entre nous disent oui sans compter et se donnent corps et âme à leur partenaire. Nous faisons notre possible pour  faire plaisir à l’autre. C’est important d’être vraiment là dans pour son/sa conjoint(e). C’est important que l’autre puisse toujours compter sur nous. Dire oui, c’est un gage d’amour, de dévouement total. Le soucis, c’est que parfois, nous disons oui même si au fond de nous, nous voulons dire non. La demande de notre partenaire entre en contradiction avec nos besoins. Pourtant, nous décidons de privilégier le besoin de notre conjoint(e) plutôt que le nôtre. En d’autres mots, nous nous sacrifions pour satisfaire l’autre.

A être trop gentil(le),

  • Nous ressentons de la frustration à ne pas considérer nos besoins

Au début, c’est souvent un réel plaisir de faire plaisir sans compter. Mais un jour, nous éprouvons de la frustration envers nous-même. Nous ressentons de la frustration à ne pas savoir affirmer nos propres besoins. Celui ou celle qui se sacrifie sans cesse ressent de la tristesse à ne pas se laisser vivre, ce qu’au fond, il ou elle veut vivre. Notre frustration révèle notre sentiment d’injustice. Nous savons être injuste envers nous-mêmes de ne pas oser prendre soin de nos propres besoins. Nous nous demandons « Mais pourquoi suis-je incapable de dire non pour moi? Pourquoi je mets toujours mon plaisir de coté pour prendre soin des autres? Pourquoi je fais toujours passer les autres avant moi? » Si nous éprouvons de la frustration envers nous-mêmes, il y a des incidences sur notre vie de couple.

  • Nous n’arrivons plus à cerner nos propres besoins, trop occupés à répondre à ceux de l’autre

A trop être attentif(ve) au besoin de notre partenaire, nous nous coupons de nos propres besoins. Nous sommes heureux de faire plaisir, mais une partie de nous est saturée, fatiguée. Une partie de nous est malheureuse. Peut-être est-ce parce que nous ne prenons pas le temps de nous ressourcer, de nous revitaliser à travers ce que nous aimons, à travers la réalisation de nos besoins? Depuis quand avons nous pris du temps pour nous? Depuis quand avons nous fait les choses que nous aimons. Mais au fait, qu’aimons nous, quelles sont nos passions? A part être celui ou celle qui répond aux besoins des autres, qui suis-je?

En fait, si ça ne va pas d’un point de vue personnel, comment pouvons nous être pleinement épanouie dans notre vie de couple? Il y a des incidences sur le couple à ne pas écouter ses besoins, tout simplement parce que nous sommes malheureux. Comment donner le meilleur de soi quand on n’est pas à son meilleur? Notre frustration s’exprime d’une manière ou d’une autre.

Nous vivons personnellement cette frustration au quotidien mais pas seulement. Nous sommes davantage sur la défensive dans notre relation avec notre partenaire de vie. Finalement nous sommes un couple en crise.

  • Remplis de frustration, nous nous mettons facilement voir violemment en colère envers notre conjoint(e). C’est le mécanisme de la cocotte minute de Thomas D’Asembourg.
  • Les moments ensemble sont teintés d’amertume, de regret, et d’incompréhension envers nous-même.
  • Nous accusons l’autre d’être un égoïste alors que nous affirmons faire les choses de bon coeur.

Si je dis non à la demande de mon/ma partenaire, si je ne lui fais pas plaisir, je culpabilise. J’aime lui faire plaisir, mais je suis frustré(e) de me faire passer en second. Pourquoi je culpabilise si je fais passer mon propre besoin avant les siens? Pourquoi je veux toujours en faire pour l’autre?

Etre gentil(le) pour être aimé(e)? Comprendre l’origine de la croyance pour s’en libérer

L’ enfant assimile que pour être accepté , aimé et reconnu, il faut être gentil. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, nous avons ont du mal à dire non. Nous sommes, au contraire, très prévenants.

  • Nous grandissons en intégrant l’idée que nos besoins ne sont pas importants

Nos proches, surtout nos parents, nous incitent dans l’enfance à être toujours gentil(le). C’est une question d’éducation. Pour nos parents avoir des enfants bien-élevés, c’est important. Bien sûr, papa et maman font certainement du mieux qu’ils  peuvent à cette époque. Etre bien-élevé signifie faire davantage attention au bien-être des autres. Nous intégrons que besoins n’ont pas d’intérêt. Enfant, nous ne prêtons donc pas attention à nos besoins. Conséquence malheureuse, aujourd’hui, parce que nous ne savons pas les écouter, nous ne savons pas reconnaître nos besoins.

  • Nous grandissons en pensant que votre valeur se mesure à ce que l’on donne

Etre bien-élevés fait de nous quelqu’un de bien. Nos parents nous font comprendre qu’ils nous aiment davantage quand nous sommes gentils. Assoiffé d’amour parental, nous nous conformons à leur idée d’enfant modèle. L’enfant reçoit de l’amour quand il est gentil. Nous avons intégré l’idée que nous avons de la valeur que si nous sommes « gentils » avec les autres. En grandissant, nous pensons que l’estime que nous avons de nous même se mesure à ce que nous offrons aux autres. Aujourd’hui, nous pensons avoir de la valeur quand nous sommes gentils, alors nous donnons volontiers…

Petits, ces phrases nous font intégrer la croyance qu’ « il faut être gentil(le) pour être aimée »:

  • « Partage tes jouets avec ton frère » ( sous-entendu que les bons frères ou les bons frères partagent leurs jouets).
  • « Sois gentil(le), aide à débarrasser la table » (sous-entendu que si tu débarrasses la table, je t’aime davantage).
  • « Le père Noel apporte des cadeaux seulement aux gentils enfants » (sous-entendu que les enfants bien-eleve sont finalement récompensés tous les 25 décembre).

Le fait que peut-être nous n’avions pas envie de partager la chambre ou de débarrasser la table n’était pas important. Ce qui est important c’est d’être bien- élevé autant pour le parent ( soucis d’éducation) que pour l’enfant (soucis d’être aimé).

Bref, voila pourquoi 20 ans, 30 ans et 50 ans plus tard, nous pensons toujours que pour être accepté , aimé et reconnu, il faut être gentil.

Finalement, nous devons nous rendre compte que nous avons été en quelque sorte conditionné à être gentil(le) avec notre conjoint(e). La culpabilité que nous ressentons est simplement du à notre croyance. La culpabilité ne signifie pas que nous sommes des êtres égoïstes et méchants pour de vrai. Justement, c’est à cause de la négligence de nos propres besoins que nous sommes un couple en crise. Notre frustration entache la relation avec notre conjoint(e).

Nous devons faire la part des choses. D’un coté nous culpabilisons de dire non ou de ne pas faire plaisir. D’un autre côté nous avons nos propres besoins. Nous avons le choix. Soit nous décidons de rester enchaîner à notre croyance, soit nous décidons de nous en libérer en prenant soin de notre propre bien-être. Sans compter que dire non tout en préservant la relation, je le redis, ça s’apprend!

A vous !

De votre coté, avez-vous l’impression d’être trop gentil(le) dans votre vie de couple? Ecoutez-vous et affirmez vous vos besoins à votre partenaire ? Pensez-vous être vraiment pleinement vous même dans la relation?

12 commentaires

  1. Super article, Agnès ! Tu vas jusqu’au fond des choses, jusqu’à la racine de ce comportement qui consiste à s’oublier ! Le contenu de ton blog est archi précieux, je te suis !
    à bientôt
    Fanny

    1. Merci Fanny ! j’espère sincèrement que le contenu apportera des réponses aux couples qui vivent des difficultés. A bientôt!

  2. Bonjour Agnès,

    Ton article est criant de vérité. Nous sommes tous conditionnés par notre éducation, nos croyances, et nous n’osons pas bien souvent, nous laisser aller vers ce quoi nous aspirons réellement.

    Bernadette

    1. Bonjour Bernadette!
      Oui c’est exactement ça. Quand on comprend cela, on s’épanouie au sein du couple. On sait l’essentiel pour oser dire non.

  3. J’ai toujours eu du mal à dire non et pas que de mon couple, surtout au boulot et parfois je me retrouvais débordé sans être capable d’assumer. Et mnt j’ai appris à dire non ce qui me facilite nettement la vie.
    Ma question : est ce que la recette du bonheur ce n’est pas de donner sans vouloir rien en retour ?

    Alexandre

    1. Donner sans rien vouloir en retour…c’est super ! là où ça se complique, c’est quand ce n’est pas nous qui choisissons ce qu’il y a à donner. Le don à faire peut alors nous paraitre demesuré , pour des raisons que nous ignorons nous même parfois. Alors il faut savoir dire non, et dans savoir il y a aussi : comment ? Et puis espérons alors que l’autre aura le mode d’emploi pour : accepter le non !Au moins dans un premier temps. Ah la la, la vie de couple, quelle aventure !

      1. Bonjour Boule, tu as raison ! Pour notre propre bien, et parce que parfois la demande n’est pas à notre portée, il convient de dire non. Ici tu peux nous dire si le mode d’emploi pour dire non est satisfaisant! A bientôt!

    2. Bonjour Alexandre!
      bon sujet de réflexion!
      donner oui … sauf si on met nos besoins personnels entre parenthèse pour le seul plaisir de notre partenaire. On fini par se frustrer. Et… si on est frustré, tôt ou tard, notre relation en paie les frais. Certains auteurs disent que la recette du bonheur , c’est avant tout d’être heureux pour offrir ce bonheur à l’autre.

  4. Personnellement je me suis retrouvée dans cette article, c’est moi. J’ai réalisé que je suis comme ça, je ne dis pas non par peur de ne pas ou plus être aimée. et je culpabilise à fond. Maintenant, je dois travailler sérieusement pour améliorer ce point et apprendre à dire non.

    Merci infiniment pour vos articles.

    1. Salut Saida,

      Tu as raison, il faut apprendre à affirmer nos besoins… C’est essentiel pour s’épanouir seul. C’est important pour entretenir notre estime de nous.
      De cette manière, on prend soin de nous, on s’aime et on se respecte.
      On se sent moins dépendant de l’autre pour être heureux. Finalement, on reste relativement zen quand ça va mal dans le couple 😉
      Merci pour ton commentaire et pour avoir donné ton avis…

  5. pour être aimé il faut être normal, naturel, y’a pas de secret, tant qu’il y a le respect il n’y a rien à craindre, on ne sait pas pourquoi on aime telle personne au lieu d’une autre! ma copine est comme ça, elle retient tout et se force à être gentille même quand des fois elle a envie d’exploser! votre site est une bonne idée cadeau pour elle, j’ai envie qu’elle se sente bien

  6. Pour moi une relation de couple c’est donner à l’autre… Du temps, du respect, de l’attention etc… Mais je me retrouve dans une situation ou, même si je donne à mon conjoint tout ce qu’il demande même sans qu’il le demande parce que je le fais naturellement quand la situation l’exige, je ne peux rien lui demander… Que ça soit de m’aider dans mon avancement personnel ou de faire de simples activités ensemble… J’ai beau essayer de discuter calmement le ton monte les insultes fusent et on avance en rien je ne sais plus comment faire pour écouter mes besoins les siens gérer ma colère et la sienne et pouvoir donner et recevoir

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